2019 : Monopol.com

Mise en scène : Michel Lefèvre (Cie Offshore). Accompagnateur chants et
musiques : Florent Gateau. Costumes : Alix Koerber Ribéron.

 

Sur un plateau de type Monopoly®, c'est le grand jeu qui emporte les pions pris dans la tourmente sociale.

Entre humour et tragédie, folie, jeux et colères, Monopol.com dit le mal-être et les espoirs des pions sur le tapis de jeu, celui d'un monde qui tournerait rond, où la solidarité serait la norme et dans lequel les exclus retrouveraient leur place.

Les pions, ces « invisibles » conditionnés par l’argent, la consommation et la concurrence, sont déplacés de case en case avec la complicité du public.

Les Pauvres-Riches

Riche

Je brasse des liasses, je les entasse

Dans mon coffre-fort : ça se transforme en or

J’ai des biffetons plein la maison

Dans mon veston, même dans le pantalon !

J’ai le bras long, je suis intouchable :

Un tas d’avocats dînent à ma table,

Des hommes d’affaire, des gens bien aimables

Et les grands médias au bout du portable !

Pauvres

Y’a pas que leurs dents qu’ils blanchissent,

Pas que leurs chiens qu’ils cachent dans les niches

Sans trop en faire, ils s’enrichissent,

Moi, de mon sort, ils s’en contrefichent !

Pour eux la fortune, pour moi, pas de thune.

Je traîne la godasse, ils dorment dans des palaces.

Pour eux les belles places, pour moi le bitume…

Ils profitent au soleil, dehors, moi je glace…

Riche

Paraît qu'en banlieue y'aurait des trams

Et que beaucoup ont du vague à l'âme ?

Nous, pour Mars on réserve nos places

Si on n'y allait pas, on perdrait la face !

On dit que sous vos tentes, y auraient des virus ?

Nous c'est sur la Toile, leur terminus.

Que de maladies vous êtes atteints

Nous, franchement, on est grand teint !

Pauvres

Ils s'imposent toujours, sans payer leurs taxes,

Nous exploitent à fond, pour gagner le max

Eux en avions et en jets privés,

Ils polluent la planète sans aucun regret.

Nous autres au sol, on est cloués

Mais on respire toutes leurs fumées…

Eux sur écrans et dans la presse

Nous sur les bancs on nous délaisse...

Riche

Dans toutes les capitales,

J’ai des hôtels bourgeois

Pauvre

Pour moi, le capital,

C’est de trouver un toit…

Riche 

Je possède l’énergie,

Les gares, l’audiovisuels

Pauvres

Isolé, sous la pluie,

J’attends que ça ruisselle !

Riche 

Je réside dans des rues choisies

Ornées de bijouteries…

Pauvres

Je survis dans des quartiers pourris

Où s’entassent les démunis.

Ensemble Riche & Pauvres

Et demain, ce sera notre fête !

Enfin ! Plus de pauvres sur la planète  

         -----------------------------------------

La Chanson Soignants-Soignés 

Refrain      

Voilà l'affaire des monopoles

Qui n' s'intéressent qu'aux protocoles

Mêm' dans les centres hospitaliers

Soignants - soignés sont maltraités

    

Nous les rebuts d'la société

Prisonniers de lieux spécialisés

On nous renvoie faute de place

A la solitude qui nous glace.

 

Nous sommes trop peu de soignants

Pour nous occuper des patients

Liés aux écrans et aux claviers

Le temps toujours nous est compté.

Refrain

Patients drogués, abandonnés

Dans des blocs déshumanisés

La contention et l'isolement

Y sont des traitements courants.

 

En garde de patients sous clef

Distributeurs de gouttes et cachets

Transformés en bons gestionnaires

On remplit de longs questionnaires

Refrain

Vous vous empressez de soigner

La dépression-des-marchés-financiers

Bien avant d’vous préoccuper

Ralentir    Des malades-et des infirmiers…

                -----------------------------------

En Gare !

Le chef de gare

Vous voyez mon brassard ?!

Je suis le Chef de gare !    

Je ne passe pas par hasard,

J’ai un train de retard,      

Des passagers hagards…

Il est déjà 4 heures moins l’ quart ! .

 

Les badauds égarés

 Et moi j’ai déraillé :

J’ai bouffé mon ticket

Au lieu d ’l’oblitérer !

Me voilà, encore disjoncté !

 

 Dégoûté du café,

 J’avale des cachets

 J ’regarde les papiers décollés !

 

Le guichet explosé,

Je suis déboussolé :

J' vis un train d'enfer, de cinglé…

 

Assailli de toute part,

Clandestin dans la gare,

Paumé, un peu bizarre…

Croyez / moi : j’en ai vraiment marre

 

Marchant dans le brouillard,

Je croise ton regard

Dans la beauté de mon miroir.

 

Je traîne mon cafard,

J'devais rentrer ce soir,

Je rêvais de notre rencart

 

Moi, héros déjanté,

J’vais finir au placard :

Des murs capitonnés,

Un lit scellé et pas d'armoire. 

 

Le chef de gare

 J ’vous propose un traqu’nard,

Un grand jeu de hasard :

Vous y serez bien, peinard.

 

Je vous vends 4 gares

Et des tas de bobards !

C’est un placement sans lézard !

Un placement sans lézard ! .            

 ------------------------------

 

Le Hourra des Pions

 

« Les étapes franchies,

Fortune nous sourit.

Très fiers et combattants

C’est au front du labeur

Que nous, les cœurs vaillants

Rejoignons les gagnants.

Nous sommes les vainqueurs ! (bis)

 

Petits soldats de plomb

Au trot vers la galette

Plus rien ne nous arrête !

La joie de nos missions :

Voilà notre horizon

Contrats courts, // contrats longs

Qu'importe, enfin, bossons ! (bis)

 

On ne va plus souffrir

D’ennui, de dépression.

On va pouvoir s'offrir

De tout à profusion.

On va pouvoir régler

Créanciers et loyers…

Nos dentiers, nos trajets.

Nos banquiers, nos huissiers !

 

Et loin de nous la peur

De rester des chômeurs.

Par la tâche, obsédés,

Appliqués, médaillés,

Montrons à l'employeur

La force de notre ardeur.

En marche, Travailleurs ! (Bis)

 

         ---------------------------------------------

 

La Chanson des Pions

 

Je galope de case en case

Telle est ma condition !

Rien à dire, pour moi, ça gaze :

C’est trop bon d’être un pion ! 

Bien content d’être en place,

Obéissant comme un bidasse,

Dire « amen ! » comme un judasse

Tout en cirant les godasses… 

 

«Je rêvais de ma promotion,

Je suis pion : c’est la révélation !

Je n’suis plus un tartempion,

Je marche même à reculons,

A reculons, à reculons, reculons… 

 

« Je galope de case en case

Telle est ma condition !

Rien à dire, pour moi, ça gaze :

C’est trop bon, d’être un pion ! 

 

Pas jaloux pour un sou,

Pas grognon pour un rond :

Alléché par l’oseille,

L’œil rivé sur ma paye… 

 

Malgré tout, de tour en tour

Se rapprochent les vautours…

Ils vivent - à mes crochets :

En march’ forcée, j’suis exploité,

J’suis exploité, j’suis exploité,  exploité… 

      

Je galope de case en case

Telle est ma condition !

Rien à dire, pour moi, ça gaze :

C’est trop bon,  d’être un pion !

  

Il galope de case en case

Il n’a pas d’autre solution.

Ce n’est pas un kamikaze :

Il préfère la soumission .

  

Je vais bientôt péter les plombs !

Je rêve d’une interruption.

Sans arrêt en galère,

Y’a de quoi être vénère !

J’en ai marr’ de cette misère

Car à force de tourner en rond,

On m’ ramasse à la p’tite cuillère,

Tout ça pour un peu de pognon…

Un peu d’pognon, un peu d’pognon, de pognon… 

 

Je galope de case en case

Telle est ma condition !

Rien à dire, pour moi, ça gaze :

C’est trop bon, d’être un pion !

 

Il galope de case en case

Il n’a pas d’autre solution.

Ce n’est pas un kamikaze :

Il préfère la soumission .

 

Embrigadé dans ces jeux de dés,

Au nom de leur sécurité :

J’suis balloté de tous côtés,

Otage de leurs z- intérêts 

 

J’ai pas ma place ; on me déplace ! 

Je vais finir à la casse.                            

Je n’suis qu’un pion mais pas un as…

C’est très con d’être un pion,   

D’être un pion, d’être un pion, un pion… 

 

Je galope de case en case

Telle est ma condition !

Rien à dire, je m’écrase :

C’est très con,  d’être un pion ! 

 

Il galope de case en case

Il n’a pas d’imagination.

C’est vraiment un pauvre naze

Qui accepte  sa soumission .

     ------------------------------------

 

 

 La Chanson Finale

Avec l’aimable autorisation C° Jolie Môme La Plaine – St Denis

Refrain et Bis   

Ils peuvent empêcher

Les fleurs de pousser

Ils n'empêcheront jamais,

Le printemps d'arriver.

 

Ils avaient gravé

Même légiféré

Qu'on était tous frères !

Dans l’égalité,

Aux murs des mairies,

C'est encore inscrit

Mais la main mise

Sur l’échiquier,

Adroite et fortunée,

Nos maîtres, de nous,

S’amusent comme l’on joue

D’un jeu de société

Refrain et Bis

Ils nous promènent,

Nous sélectionnent,

Excitent nos rivalités.

Ils nous étalonnent,

Nous prennent pour des pommes

Justes bonnes à consommer !

En tirant une Carte Chance,

Nous voici à Neuilly.

Regards des nantis,

Rictus du mépris

Nous poussent vers la sortie !

Pendant que l’on perd la boussole,

Les gagnants du Monopol,

Pressés d’empocher

Ont même supprimé

La Caisse de Communauté.

Refrain et Bis

Un jour, sous peu

Dénonçant, rejetant

Leur règle du jeu

Nous, les pions abusés,

Ensemble et décidés

Sauv’rons la fraternité ! bis

 Refrain à volonté

         ------------------------------------------

 

La Chanson triste

 

Les Riches, l’Elite  

Tu n’as plus de place, Plus ta place,

                          Plus ta place, Plus ta place  bis

Toi qui vis aux crochets de la société,

On t'avait bien dit de te secouer,

D’étudier pour avoir un bon métier.

On t'avait mis le pied à l'étrier

Mais tu n'as pas su en profiter !

Tu n'as pas su en profiter !

Tu n’as plus de place, Plus ta place,

                          Plus ta place, Plus ta place  bis                           

Epuisé de galoper sans but,

Je déambule dans ma nuit…

Aujourd’hui, mes pensées me fuient,

Je n’ai plus aucun appui :

Je n’ai plus confiance en moi,

Le monde s’écroule sous mes pas…                              

Noyé dans la souffrance

Je ne refais plus surface.

Ma vie n’est plus qu’une errance :

Chaque jour un peu m’efface…

Gavé de psychotropes,

Je m’échappe avec mes clopes…

                                      

Quand j'entends ces voix habiles

Qui submergent mes pensées,

Je ne trouve plus d'asile,

Elles me rendent insensé…

Je de/viens étranger

Sans lieu où me poser…

 

Les Riches, l’Elite 

Tu n’as plus de place, Plus ta place, 

                      Plus ta place, Plus ta place  bis                

Au lieu de te fondre dans la masse,

Tu n’as pas traversé là où il le fallait !        

C’est en marche, sur le trottoir d’en face      

Que tout le monde t’exigeait !

Tu n’as plus de place, Plus ta place,

                     Plus ta place, Plus ta place  bis                             

De promesses en trahisons,

J’ai perdu mes illusions !

On m’a vendu le paradis,

Je n’ai reçu que du mépris.

A force de tourner en rond,

J’en ai perdu la raison…

 

Je me suis fait ballotter,

C'est la loi du Grand Marché :

On y joue à qui perd gagne,

Le bagne vous accompagne…

Tous les dés y sont pipés,

On me vole mon identité.

 

Je sombre dans la folie…

Je ne trouve plus de chemin...

Je ne veux plus rien entendre…

Je ne peux plus rien comprendre…

Je n’ai plus aucune envie…

Je vais mettre fin à ma vie

 Les Riches Elite  

Tu n’as plus de place, Plus ta place,

                 Plus ta place, Plus ta place  bis      

Pourtant, pour toi, tout a été mis en place :

L’instruction, la morale et même la menace…           

On t’a recruté, formé, casé,             

Tu n’en as pas saisi l’opportunité !        

On t’a surveillé, enfermé, médiqué       

Mais ton comportement n’a pas changé !

Tu n’as plus de place, Plus ta place,

                   Plus ta place, Plus ta place  bis

               ------------------------------

 

Created with Visual Composer